Selon Yasushi Oonuma.
Selon Keizo Andô,
C’est le style le plus difficile à réaliser, car il existe beaucoup de conditions à respecter.
On va le voir ces critères sont loin, très loin de tout ce que l’on peut voir sur les forums ou en expos.
Il faut beaucoup de temps pour réaliser un arbre abouti dans ce style. Une vie de bonsaïka ne suffit pas pour en exprimer la philosophie de ce style.
Le ressenti du wabi sabi est capital pour ce style, il ne s’acquière qu’avec le temps
Une des difficultés est qu’il faut que le tronc reste fin.
Me Andô a établi une liste de dix points, dix critères que doit respecter un bunjing.
Aucun d’entre eux ne stipule que la tète doit être au-dessus du nebari, ce serait d’ailleurs une ineptie.
Voici cette liste.
1 Un bunjin doit avoir entre 0,80 et 1 mètre, maximum 1,10 mètre
2 Il doit avoir un tronc rond.
3 Un tronc fin et sans trop de mouvement.
4 Il doit avoir une conicité parfaite, le tronc devient de plus en plus fin jusque la cime, le tout sans bosse.
5 Il ne doit pas avoir de jin, ni de shari. Pas de bois mort.
6 Il doit avoir une écorce vieille (mature), fine et de bonne qualité jusqu’au bout des branches.
7 Il doit être placé dans un pot rond et fin (assiette -Nanban) avec un nebari parfait.
8 Son écorce sera mature jusqu’aux plus fines branches.
9 Il aura 3 branches maximum, ses feuilles ou ses aiguilles et son écorce seront de bonne qualité.
10 Il devra donner une impression de stabilité. Pour cela il doit avoir un nebari bien étalé dans toutes les directions.
Quelques notes de cours:
L’esprit bunjin est de supprimer tout ce qui donne un aspect de richesse, de célébrité.
Il doit se contenter du minimum pour survivre.
C’est le meilleur style pour exprimer le wabi-sabi.
C’est la beauté minimaliste.
Il est un symbole d’humilité et d’une vie idéale d'homme... ou de femme.
Pas de bunjin double tronc, Me Ando nous disait: “Pas d’enfant, pas de fortune”.
Diamètre 5 cm maximum : 1 à 2 cm sur de très, très nombreuses années de culture serait idéal. Me Ando parle de 2 cm sur 200 ans, mais j’ai un gros doute sur le fait que limiter la croissance du tronc à 2 cm sur 200 ans soit possible, mais je ne suis pas Japonais.
C’est un très bon critère si le vent fait bouger l’arbre.
Son écorce fine et sa croissante lente font que Le Pin pentaphylla (goyomatsu est la meilleure essence pour faire un lettré, mais il y a d’autres bien sûr.
On peut faire un bunjin avec des feuillus, j'en ai vu de très beaux avec des érables, mais les conifères sont plus adaptés, car leur durée de vie est plus longue.
La culture pour ce style :
Pas d’apport d’engrais (le tronc ne doit pas grossir).
Peu de substrat.
Il sera dans une poterie plate de type assiette
Construction :
Il faut éviter tout ce qui donne un aspect de richesse, de “célébrité”. On se contente du minimum pour survivre.
Pas plus de trois branches.
La première branche doit se situer au-dessus du milieu de l’arbre.
Constituer une petite motte de terre autour du nebari.
Le tronc a une écorce rugueuse avec de fines craquelures qui représentent la vieillesse.
Les branches auront de fines ramifications.
Quelques notions de Wabi-Sabi :
Le Wabi c’est un ressenti intérieur, il exprime la vieillesse, la beauté, le calme, la solitude…
Il est sans éclat.
Le Sabi c’est une chose que l’on voit en parallèle avec le ressenti du wabi.
C'est l’usure naturelle par l’œuvre du temps. C’est la patine, les petites marques du vieillissement.
On apprécie des choses anciennes qui cohabitent avec des choses neuves.
On le ressent sur un bonsaï avec une vieille écorce et des feuilles jeunes sur le même arbre.
L’ensemble donne une impression générale de vieillesse.
Il est plus facile de ressentir le Wabi-Sabi en vieillissant.
C’est une notion qui n’est as facile à deviner ou à décrire.
Il faut pouvoir arriver à donner au végétal tous ces aspects
On doit ressentir le travail invisible des bonsaïka qui se sont succédé dans la formation de l’arbre.
Même si l’arbre est vieux, il doit dégager une impression de bonne santé.
On peut ressentir le Wabi-Sabi en contemplant un paysage dans la nature durant le crépuscule d’une soirée d’automne ou après une chute de neige.
On ressent un effet épuré grâce à beaucoup d’espaces vides et un effet arythmique.
Présentation :
Le bunjin n’est jamais présenté sur une tablette (shoku) on le place sur une plaquette (jita).
Il sera installé au centre d’une poterie plate de type assiette, de préférence irrégulière et sans piétement. Nanban.
SŌ TAÏ = pots plats/assiettes destinés aux Bunjin.
Dans le temps, on les plaçait dans un couvercle de jarre.
Il y a aussi la présentation en tokonoma, mais ce sera pour une autre fois.
Le terme bunjin :
Il n’y a pas de différence entre Bunjin et Bunjin gi, ce dernier est simplement le nom complet.
Le terme Bunjin est repris 3 voire 4 fois pour donner une indication sur les critères respectés dans la construction de l’arbre.
On a :
Bunjin-gi.
Hon bunjin.
Bunjin-cho.
Bunjin-fu.
Bunjin-gi : est un arbre travaillé dans les règles et respectant les critères.
Hon Bunjin est utilisé s’il respecte tous les points et est abouti.
Bunjin-cho : est un lettré qui ne respecte pas tous les critères.
Bunjin-Fu : un lettré avec jin et/ou shari.
La plupart des Bunjin-gi exposés sont des Bunjin-cho.
Ce sont des arbres travaillés dans l'esprit du lettré, mais qui n'en respectent pas tous les critères.
Je n’ai évidemment pas fait de comptages, mais je pense que plus de 90% de ce qui est présenté comme Bunjin gi n’entrent pas dans ces critères. Ce sont simplement des arbres travaillés dans le “sens” du style lettré. Ce qui ne les empêche absolument pas d’être tout à fait honorables.
S'ils ont des cicatrices, on les appelle Bunjin Fu.
Quelques photos :