Ishisuki, style Rupestre.

Ishisuki, style Rupestre:

Ishi : Pierre.
Tsuki : coller, accrocher.

C’est un style compliqué à définir correctement tant il y a des déclinaisons.
Les innombrables formes des pierres en sont la principale cause.
John Naka dont les livres sont et resteront encore pour des années des références nous en parle longuement dans son premier livre, page N°234 et suivantes.
Le maître nous parle de Pierre montagne "Yamagata", de "Shima-ishi", de "Dangai-jeppeki ishi", de Taki-ishi", de Iwayama", de "Ara-iso", de Insho-gata ishi" et de Shusho-gata ishi. geek

Ishi-gami : racines sur roche ou Seki-joju : style d’arbre dont les racines enserrent une roche.
Shima-ishi : plantation d'arbre(s) sur une roche figurant une île.
Ishisuki : style d'arbre poussant sur un rocher.

Entreprendre la réalisation d’un Ichisuki devient rapidement un chantier.
On peut s’en rendre compte dans ce joli reportage de mon ancien club de Villeneuve-d'Ascq.
https://adlm59.wordpress.com/2016/11/29/atelier-creations-sur-roches-avec-thierry-claude/

Selon Me Andô et M. Otani :

Ishisuki : (composition sur roche).
C’est la rencontre d’un arbre avec une pierre.

Matos nécessaire :
Une pierre
Des arbres
Un suiban
Du ketoh et de fins gants (le ketoh est très salissant)
De l’akadama ou du kanuma (selon les arbres utilisés)
De la mousse pour couvrir le substrat.
Du sable de couleur dorée assez claire, jamais noir. "Kurama Zuna"
Du fil de faible diamètre 1mm, 1,5 mm, 2mm
Prévoir beaucoup de fils, les couper assez long.
Des plombs de pêche pour coincer les fils d’arrimage dans les trous et interstices.
Un mastic-colle de fixation peut être utile pour fixer les fils à la pierre.

La pierre :
Elle sera naturelle.
Ibi Ishi pierre sombre, très dure qui ne casse pas.
Dans le style ishisuki le point central de la composition sera la pierre. L’arbre constituera l’élément secondaire. C’est le seul style ou l’arbre n’est pas la “vedette”.
Il faut chercher une pierre qui devrait avoir les caractéristiques suivantes :
De couleur sombre pour avoir un beau contraste avec le ton du feuillage.
Choisir une pierre avec le plus de mouvement possible.
Si la pierre a beaucoup de relief, les racines pourront s’accrocher aux aspérités de la roche.
Si l’arbre a un tronc fin, l’implantation sera facile et difficile si le tronc est plus gros.
Elle devrait avoir une patine.
Elle devra être une pierre dure. Elle doit être très résistante et durer dans le temps. Après plusieurs décennies, les racines des arbres deviennent très fortes et pourraient casser la pierre. Si c’était le cas, de nombreuses années de mochicomi seraient perdues pour rien.
La pierre doit être stable dans son contenant. Elle sera d’une seule pièce et non collée ou cimentée à une autre pierre. Par contre, contrairement aux Suiseki, la base peut être aménagée pour plus de stabilité. Elle peut être sciée et/ou collée à une partie horizontale comme par exemple une lauze, mais cela doit rester invisible lors des présentations.
Plus la pierre sera haute et plus l’implantation d’arbres sera facile.
Elle devra évoquer la nature, une montagne.
L’idéal est que la base du rocher possède des irrégularités, des trous, pour plus de naturel.

Préparation de la pierre :
Tout d’abord, il faut rechercher la face avant de la pierre. Celle qui présente le plus grand intérêt, qui possède le plus de relief et le plus beau mouvement.
Vérifiez sa stabilité, au besoin, améliorez son assise, pour ce faire la base peut être sciée ou collée à un pavé assez plat ou une lauze. Vérifiez son positionnement dans le suiban.
L’aménagement que vous aurez apporté à la base de votre pierre ne doit pas être visible quand vous l’exposerez. Il devra être couvert de sable.
Faire un dessin de la composition que l’on a en tête est très utile.
Repérer le ou les meilleurs emplacements du ou des arbres sur la face arrière, la plus monotone. L’arbre ne doit pas “tuer” la beauté de la pierre.
Fixez pas mal de fil sur ces emplacement à l’aide du mastic-colle ou des plombs de pêche.
N’hésitez pas à les laisser assez long, les fils en trop seront laissé en place et replier sur le substrat.

Nettoyez et ligaturez l’arbre avant l’installation sur le rocher.
Le laisser en terre pour l’instant.

Préparation du ketoh :
Il faut l’humidifier si besoin.
Bien le malaxer.
Ajouter 10% d’akadama moyen (ne pas utiliser de la poussière d’akadama)
Ne pas rajouter trop d’akadama au koto, car celui-ci ne collera plus suffisamment au rocher. Bien le mélanger à nouveau.
Ne pas mélanger de sphaigne au ketoh.
Vaporisez la pierre avec de l’eau avant l’application du ketoh.
Placez une couche fine ketoh sur le rocher jusqu’à la base (bien plus que la surface occupée par les racines).

Préparation de l’arbre :
Nettoyez et ligaturez l’arbre avant l’installation sur le rocher.
Quand tout est prêt sortez l’arbre ou les arbres de leur pot.
Ôtez la terre des racines (les laver éventuellement).
Laissez les racines longues, ne pas les couper.
Pose provisoire des arbres sur le rocher (serrer moyennement les fils d’ancrage sur les racines) et vérification par rapport à la face de la pierre.
Après vérification, serrer les fils sans trop de force. Les fils peuvent casser ou s’arracher en serrant. Ne pas couper les fils, mais les replier dans la terre.
Les racines seront réparties du haut (du pied de l’arbre) et en descendant vers le bas du rocher. L’eau d’arrosage va ruisseler et les humidifier.
Le ketoh doit arriver jusqu’en bas du rocher. C’est un point important pour les racines qui pourront pousser jusqu’en bas.
La pierre va chauffer et les racines vont se développer.
Ajouter du ketoh par dessus les racines avec du relief. L’appliquer du haut vers le bas.
Ne pas former de masses rondes sur le rocher.
Placer de la mousse sur le ketoh.
Fabriquer des agrafes en U avec du fil pour fixer la mousse.
L’idéal est de disposer de plusieurs variétés de mousses pour que les parties que l’on recouvre n’aient pas le même aspect.
Les premiers temps, l’arrosage sera modéré et effectué en plusieurs fois pour éviter à la mousse et au ketoh d’être arrachés.
Ne pas implanter trop d’arbres sur le rocher.
Ne pas les placer à la même hauteur.
On doit laisser des espaces vides.
On doit voir le rocher qui est l’élément le plus important (plus important que l’arbre lui-même).
Le tronc de l’arbre doit rester fin et les branches longues pour la formation.
Peu de variétés d’arbres peuvent être utilisées pour la création d’un Ishitsuki.
La création doit rester simple.
Pas de rempotage comme pour les autres styles, pas de changement de compost, mais on rajoutera après plusieurs années, un peu de terre sur l’ancienne.

Placement de(s) l’arbre(s):
L’arbre ne doit pas cacher le sommet de la pierre. La tête du rocher devra donc être plus haute que l’apex de l’arbre. On ne plante donc pas d’arbre au sommet du rocher. Le haut du rocher représente le sommet de la montagne, aucun arbre ne pousse au sommet des hautes montagnes.
L’installation de l’arbre se fera sur la face arrière la pierre, la face la plus monotone, et on ramènera les branches devant.
Le bas du rocher représentera la campagne (la plaine). On pourra y placer des feuillus.
Si la pierre est percée, ne plantez jamais un arbre au travers du trou.
Contraste entre l’instabilité de l’arbre qui pousse sur une pierre et la stabilité du rocher.
Si sa hauteur est supérieure à 60 cm, on pourra placer les Shin/Gyo/So.
Si la pierre est plus petite, on ne pourra placer que 2 éléments : Shin et So.
On ne placera qu’une seule variété Shin (jamais un pin et un genévrier ensemble).

Positionnement du Ishizuki dans le suiban :
Ne pas placer la pierre au bord du suiban, de pas mettre de mousse entre le bord du suiban et l’Ishizuki. (Comme on place un bonsaï dans son pot)
Laisser un espace vide devant l’Ishizuki selon le sens (gauche ou droite) de celui-ci
Mettre du sable fin dans le suiban, passer la balayette pour l’aplanir et mouillez le avec un petit pulvérisateur.

Présentation :
Utilisation d’un suiban émaillé.
Placer du sable marron clair/beige, jamais noir "Kurama Zuna" sous le rocher et le mouiller pour l’exposition. il sera lissé et humidifier au pulvérisateur.
Pas de support sous le suiban, il est posé directement sur la table.
Un support en bois (jita) est permis.
Pas de plante d’accompagnement avec cette composition. Un Ishisuki s’expose sans plante d’accompagnement. On considère que la mousse et éventuellement une petite plante comme une fougère plantée à la base en font office.
Pas de plantes grasses ni d’herbes trop voyantes (feuilles multicolores).

Mochicomi :
Davantage que pour les autres styles une attention particulière sera donnée à l'arrosage.
Pas de rempotage comme pour les autres styles, pas de changement de compost. On rajoutera après plusieurs années, un peu de terre sur l’ancienne.
Après plusieurs années, une fois l’arbre bien installé sur sa pierre, souvent la racine principale se divise en deux, l’idéal serait d’arriver à former deux volumes distincts de compost par dessus ces deux racines et que l’on puisse voir la pierre entre les deux parties.

A voir également sur le forum:
https://satsuki.forumactif.org/t3279-realisation-d-un-ishizuki-par-kimura?highlight=ishizuki

https://satsuki.forumactif.org/t3416-ishizuki?highlight=ishizuki

Ishi-gami, Seki-joju variante d’Ishitsuki :

Différences entre ces deux styles:
Pour un Ishi-gami ou Seki-jojû, les racines enserrent la pierre et descendent dans la terre du pot. L’arbre est donc plus haut que la pierre. Alors que pour l’Ishitsuki, toutes les racines sont dans le ketoh, à l’extérieur de la terre et le sommet du rocher est plus haut que la tête de l’arbre.

Les arbres de style Ishi-gami ou Seki-jojû ont les racines dans la terre du pot, de ce fait, ce style est cultivé et présenté dans un pot.
Les arbres de style Ishitsuki ont la racines sur la pierre, il sont donc cultivé et présenté dans un suiban.